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Renardo le chat errant

Photo du rédacteur: AugustinAugustin


Chat errant noir assit dans les fleurs des champs .
Renardo le chat errant.

Renardo était un chat errant aguerri aux dangers du monde et habitués aux privations. Il n’avait jamais eu de maître et aurait bien aimé en avoir un, mais il savait aussi que les hommes sont parfois méchants et qu’il risquait peut-être sa peau en les approchant quand bien même la plupart ne lui feraient pas de mal. Il vivait donc dans les bois et dans les champs, se nourrissant des souris nuisibles qu’il chassait et s’abreuvant dans les étangs.


C’était l’hiver, la saison la plus rude. Il connaissait deux vieilles granges où se cachaient quelques souris pour l’hiver, mais elles étaient à quelques kilomètres l’une de l’autre et la route était longue dans le froid quand il n’y avait rien à manger dans l’une et qu’il devait aller voir dans l’autre. S’il n’y trouvait rien non plus, il devait se résoudre à récupérer des restes peu appétissants dans les poubelles des fermiers de son territoire, quitte à prendre le risque d’être malade, car Renardo avait un beau cœur et n’avait jamais pu se résoudre à chasser les moineaux, plus faciles à trouver le froid arrivé que les souris, qui se cachent souvent à cette période de l’année dans des maisons inaccessibles pour lui.


La nourriture n’était parfois cependant que le cadet de ses soucis quand une meute de coyotes malheureusement dirigée par un certain Jeckell la Mâchoire, malfrat de la pire espèce, venait chasser sur son territoire. Si certains coyotes respectent les chats comme Renardo, cette bête féroce et mal élevée n’aurait eu aucun scrupule à le chasser et à le dévorer de la même manière qu’ils s’occupent généralement des lièvres. Quand Renardo flairait cette meute ou qu’il entendait les glapissements frénétiques des coyotes les plus féroces du lot, alors il se préparait en chat prudent et avisé, sachant que de croiser ces prédateurs au cœur de fer sans se ménager d’issue de secours signifiait une mort certaine.


Aussitôt qu’il le pouvait, il allait se cacher dans le petit hangar d’un vieux fermier du coin. Les souris n’y allait pas, car il n’y avait là que de vieux outils et rien pour eux à se mettre sous la dent, mais Renardo savait qu’il y serait en sécurité, car les coyotes ne connaissaient pas cette cachette et que même alors, il pourrait y demeurer en sécurité, car il parvenait lui-même à peine à entrer dans le hangar par une fenêtre brisée en grimpant sur un arbre à côté et en effectuant au bout d’une branche en particulier un grand bond comme peu de chats savent le faire, même parmi les plus forts et habiles. Sept années passées à braver les dangers du monde lui avaient permis de développer des capacités peu communes chez les chats. S’il était très mince, moins massif que la grande majorité des chats, il était tout de même plus fort que tous ceux qui avaient croisé sa route. Deux années plus tôt, il avait croisé un chat gris rayé noir exceptionnellement gros et large d’épaules sans pourtant faire d’embonpoint, très haut de taille, et visiblement doté d’une solide charpente. Ses pattes étaient même si grandes que presque tous confondaient ses empreintes avec celle d’un chien. Il vint un jour sur le territoire de Renardo, alla jusqu’à lui et le défia en tenant ce langage :


- J’ai entendu toutes sortes de rumeurs sur ton compte. On dit que tu es très fort. Pourtant, là, comme je te regarde, je vois que ta réputation est de loin surfaite, Renardo. Tu es un chat gris-roux chétif et malingre. C’est malheureux, mais je vais te le dire petit bonhomme, ton territoire est désormais le mien. Allez, déguerpis, et que ça saute.


- Je ne peux pas te laisser mon territoire. Je mourrais de faim.


- Eh bien je m’en fiche.


- Ça te regarde. Mais je reste.


- Tu l’auras voulu, dit l’autre en s’avançant sur lui.


Il avait l’intention de le battre tant et si bien que Renardo n’aurait d’autre choix de céder. Mais après trois pas, le gros chat eut un doute. Renardo avait commencé à se déplacer tout doucement vers la gauche, de côté, sans toutefois chercher aucunement à s’éloigner de son adversaire. Ce qui semblait étrange à ce dernier, c’est tout d’abord la fluidité des mouvements de Renardo. On aurait dit ses pattes presque trop souples, et son corps ondulait comme l’eau après qu’on y eut jeté une pierre. Mais quelque chose troubla encore plus le gros chat. Il n’entendait absolument aucun son émanant de l’endroit où se tenait Renardo tandis qu’il marchait, et ce malgré son ouïe très fine. Il se rendit compte que Renardo évitait systématiquement le contact avec chacune des branches et feuilles sèches qui jonchaient le sol sans même sembler y penser. Lui, aurait été incapable d’en faire autant sur le sol où tous deux se tenaient même en ne portant son attention que là-dessus. Pourtant, Renardo avait son regard braqué sur lui. Mais le gros chat orgueilleux, irrité de s’être laissé troublé, feinta de commencer son attaque. Il fut cependant encore davantage déstabilisé quand il vit que Renardo n’eut aucune réaction apparente : il avait tout de suite deviné la feinte. Le chat qui se sentait moins gros qu’à l’habitude s’aperçut alors que les yeux de Renardo étaient tout à fait calmes. Renardo semblait non seulement ne pas éprouver de peur, mais, encore plus, il semblait tout à fait détendu. Quant à lui, il avait l’impression que tout son corps était parcouru par un courant électrique, l’ensemble de ses muscles étaient durcis sous l’effort et il s’aperçut, humilié, que ses pattes tremblaient légèrement.


Une dernière chose acheva de le déstabiliser : Renardo s’était approché de lui de quatre pas par le flanc sans même que le chat tremblant ne remarque de changement de direction ou de vitesse de la part de son adversaire. Seul un mètre les séparait maintenant. Le gros chat, qui commençait à se sentir comme une poule mouillée, pouvait voir le corps noueux de Renardo, chacun de ses muscles effilés travaillés et retravaillés par de maints efforts qu’il n’avait jamais eu à déployer. Il comprit tout d’un coup que non seulement Renardo était sans aucun doute possible beaucoup plus agile, habile et aguerri que lui, mais que sa mince charpente n’était pas du tout un barème convenable pour jauger de sa force : à voir comment il est fait, se dit le chat qui regrettait amèrement la provocation, si cela se trouve il est peut-être même aussi fort que moi, qui fait deux fois son poids. Alors, le chat qui avait appris à ne pas sous-estimer son adversaire prit tout à fait peur et s’enfuit en lâche sans même apercevoir la moitié des capacités de Renardo. Celui-ci, satisfait, le regarda aller en se léchant la patte avant. Il ne s’était jamais battu de sa vie, mais ce n’était pas la première fois que cette scène se répétait. Comme à l’habitude, il avait été presque certain, dès qu’il avait vu le gros chat poltron, de savoir comment elle allait se terminer.


Renardo savait quelle était la routine des coyotes. Ils restaient un jour et une nuit à l’intérieur du territoire du chat, chassant tout ce qu’ils pouvaient se mettre sous la dent, y compris les poules des fermiers. Quand il n’y avait plus rien à dévorer, ils se déplaçaient vers le nord, à l’intérieur de la forêt, dans l’espoir de pouvoir ronger les os appétissants laissés par les loups après leurs chasses de gros gibiers. Cette journée était longue pour Renardo, qui ne pouvait alors se nourrir du tout, à plus forte raison encore quand la faim commençait déjà à le tirailler par manque de nourriture les jours précédents. Il savait toutefois qu’il ne risquait pas de mourir de faim : en peinant très dur, il parvenait à avoir une pitance juste suffisante pour le garder en bonne santé durant l’hiver. Il savait aussi qu’il aurait assez de force à la fin de cette disette obligée pour chasser, ou, au pire des cas, faire les poubelles. Après s’être blessé à une patte quand il était encore tout jeune, il avait réussi à tenir quatre jours sans manger avant qu’il ne parvienne à attraper une grosse souris. Il savait qu’il était beaucoup plus endurant aujourd’hui, adulte, et il avait confiance en la robustesse de son corps svelte, qui ne lui avait depuis jamais refait défaut, peu importe les privations qu’il avait endurées.


Il prenait donc son mal en patience, se blottissant dans un coin du hangar derrière quelques pelles rouillées, attendant que le soleil se couche, que la nuit passe et que le soleil parvienne à nouveau au point où il était quand les coyotes étaient arrivés le jour précédent. Il savait qu’il pouvait alors quitter sa cachette en toute sécurité. S’il souffrait de la faim pendant cette journée, il n’avait pas trop froid, protégé du vent par les murs et conservant sa chaleur en se roulant en boule. Qui plus est, il profitait de cette journée pour reposer son corps au maximum, détendant chacun de ses muscles et ne bougeant pratiquement pas. Il perdait ainsi moins d’énergie et économisait ses maigres réserves de graisse, si précieuses, car elles garantissaient sa survie si jamais il n’aurait pu se nourrir pendant quelques jours.


Il dormit longtemps cette nuit-là, beaucoup plus longtemps qu’à l’habitude. Il ne pouvait généralement se permettre de sommeiller autant que le font les autres chats, surtout l’hiver, devant chaque jour passer de longues heures à parcourir son territoire de chasse et y dénicher le peu de nourriture qui s’y trouvait tout en restant constamment à l’affût du danger. Mais pendant cette nuit, non seulement il ne pouvait chasser, mais son instinct lui soufflait qu’il ne courait aucun danger immédiat malgré la présence de la meute de coyotes. Cet instinct lui avait déjà sauvé la vie à quelques reprises en l’avertissant d’un danger que seul un frémissement dans l’air inhabituel pouvait laisser présager ou un encore un reste subtil d’effluve que bien peu de chats auraient été à même de détecter. Mais là, tous ses sens lui indiquaient qu’il pouvait se reposer pour l’instant.


Il ne se fiait toutefois pas totalement à son instinct et à ses sens, sachant que dans ce monde il y a des choses que chats et hommes ne peuvent ni voir ni sentir et que, si aiguisée soit sa vue, il ne pouvait voir à travers les murs du hangar. Il dormit donc comme toujours du sommeil très léger du chat prêt à affronter un danger soudain et sachant qu’il n’est jamais aussi vulnérable que lorsqu’il dort. Son corps restait prêt à réagir au moindre changement dans l’environnement et il se réveillait périodiquement même quand tout était calme, par réflexe acquis naturellement, au moins tous les quarts d’heure, vérifiant rapidement, calmement, mais avec soin ce que lui indiquaient ses sens avant de se rendormir pour quelques minutes.


Renardo sommeilla de cette manière même une fois le soleil levé. Il savait d’instinct compter les heures du jour même sans voir le soleil et savait qu’il n’était pas encore prudent de sortir de toute façon, alors il se reposait.


À cette heure du jour, la meute de coyotes s’apprêtait comme à l’habitude à partir vers la forêt du nord. Griffe-le-flanc, second de la meute, coyote commençant à prendre de l’âge, mais toujours aussi robuste qu’en son jeune temps, et qui s’était gagné ce nom et titre en sautant sur le côté d’un petit chevreuil, proie que généralement seuls les loups parviennent à chasser, et en le terrassant de cette manière, alla vers Jeckell la Mâchoire :


- Mauvaise chasse. Le gibier est très rare par ici. J’ai au moins eu un lièvre, bien qu’il soit petit. Êtes-vous prêts à repartir ? On aura sûrement plus de chance au nord.


- À part toi et Trotteur qui, bien qu’il soit débile, n’a pas son pareil pour détaler avec une poule dans la gueule, j’ai affaire à une bande d’incompétents qui feraient mieux de brouter l’herbe et se recycler en ruminants. Peut-être alors pourraient-ils engraisser et connaître davantage de succès en tant que vaches miniatures.


- Peut-être. Alors on part ?


- Attends. Tu sais, depuis notre dernier tour par ici, il y a trois semaines, il y a quelque chose qui me tracasse. Tu connais comme moi la rumeur comme quoi il y aurait dans les parages un chat auquel même les renards n’osent pas s’attaquer.


- Ah, le fameux Renardo, plus costaud qu’un renard. Je connais cette histoire depuis au moins trois ans, mais on ne l’a jamais vu, ce chat. On raconte bien des choses dans le coin. Si ça se trouve, il sort tout droit de l’imagination d’une belette.


- Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Mais tu vois, moi, cette histoire me chicote. C’est gros comment, un renard, Griffe-le-flanc ?


- Les plus grands d’entre eux ne sont pas tout à fait aussi gros que les plus faibles de notre meute.


- Serais-tu donc prêt à dire que les renards sont presque aussi gros que les coyotes ?


- Pour ce qui est des plus robustes d’entre eux, oui.


- Eh bien tu vois, tu as raison en ce sens que souvent on exagère les histoires. Mais moi, justement, ça me poserait problème que les belettes du coin se mettent à raconter qu’il y a ici un chat auquel même un coyote n’ose s’attaquer, tu comprends.


- Oui. Mais s’il n’existe pas, ce chat ?


- Eh bien voici ce que je propose. Nous nous établissons ici pendant quelques jours et nous sondons le terrain jusque dans les moindres recoins. On récolte toute collation sur quatre pattes ou à plume qu’on trouve en ouvrant l’œil pour repérer ce fameux félin. Après avoir ratissé tout le territoire, il ne pourra arriver que l’une de deux choses. Soit le chat n’existe pas, et dans ce cas, problème réglé. Il sera connu de tous les animaux du coin que nous aurons soulevé chaque pierre et que le chat ne se trouve pas en dessous, façon de parler. Ou, encore mieux, on trouve le chat et il nous sert de repas. Dans les deux cas, cette histoire arrêtera de me démanger l’arrière des oreilles, façon de parler.


- C’est d’accord.


Griffe-le-flanc alla rapporter ces instructions au reste de la meute, et tous se mirent en mouvement à ces ordres.


Renardo s’éveilla et se leva d’un bond. Quelque chose n’allait pas. Tous ses sens lui criaient qu’un danger inhabituel le guettait. Un reniflement lui suffit pour comprendre que malgré l’heure avancée du jour, heure à laquelle les coyotes partent ou sont déjà partis, leur odeur s’était très légèrement accentuée au lieu de diminuer. Au moins une partie d’entre eux s’étaient approchés du hangar d’environ une centaine de mètres de plus qu’à l’habitude. Ils étaient encore à quatre cents mètres de distance, mais s’ils diminuaient cette distance de moitié certains pourraient peut-être le flairer, même s’il avait pris toutes les précautions possibles pour camoufler son odeur : les coyotes ont le nez fin.


Quant à lui, il repéra à l’odorat au moins trois coyotes plein sud et deux, peut-être trois un peu plus à l’ouest, mais tous étaient quelque peu dispersés. Même, il lui semblait que d’autres venaient de plus loin encore à l’ouest. Ceux du sud restaient à distance assez constante, mais ceux de l’ouest avançaient à grands pas vers lui. Qui plus est, ils s’étaient dispersés d’une manière très inhabituelle, qui n’avait rien à voir avec leurs autres stratégies de chasse. Renardo comprit qu’ils cherchaient quelque chose, ou, bien plus probablement, quelqu’un. Il réfléchit à savoir quelle devait être sa réaction, s’il devait rester dans le hangar ou s’enfuir. Heureusement, le vent lui était encore favorable, car il venait justement de l’ouest: il lui apportait de précieuses informations sur la position des coyotes qui s’approchait et, plus important encore, éloignait sa propre odeur des narines de ces prédateurs.


Il passa tout d’abord en revue ce que les coyotes pouvaient bien chercher dans le coin. Ils connaissaient pourtant très bien ce territoire, y séjournant périodiquement depuis des générations. Ces animaux ne se seraient jamais donné tant de peine pour une proie qui aurait détalé. Non, ce devait être autre chose, et Renardo savait bien que le chef de leur meute, Jeckell la Mâchoire, était encore plus préoccupé par son orgueil que par son estomac, et qu’il ne se mettait en peine que pour mousser sa propre réputation. Renardo passa donc en revue quel animal pouvait bien l’avoir vexé dans sa fierté mal placée. Il y avait bien le brave compagnon du fermier de la rue la plus près vers l’est du hangar, Rudolph, un grand chien de berger que Jeckell la Mâchoire avait déjà attaqué. On parlait encore avec enthousiasme de leur combat, même si Renardo avait à peine atteint sa taille d’adulte quand il était survenu.


Jeckell voulait s’en prendre aux poules que Rudolph gardait. C’était à l’époque un coyote solitaire, donc avant qu’il ne supplante le chef de la meute qu’il dirigeait maintenant et qu’il ne le chasse de ces terres. Rudolph était beaucoup plus gros que Jeckell, mais ce perfide coyote s’en était souvent pris à des chiens en guise d’amusement, les terrorisant ou les blessant avant qu’ils ne prennent la fuite, et savait qu’il avait maints avantages en tant que coyote sur un chien. Ses réflexes étaient beaucoup plus rapides, il était plus habile pour se mouvoir, plus endurant et plus féroce. Ses crocs se plantaient souvent dans la peau des chiens avant même qu’ils n’aient le temps de réagir.


Ce fut encore le cas cette fois-ci. Il prit Rudolph par surprise et le mordit au cou sans que le chien ne puisse parer l’attaque. Par contre, cette fois seulement les choses ne se passèrent pas comme prévu pour Jeckell. Au lieu de se tordre de douleur et de haleter de terreur, le brave chien émit un sourd grognement et se débattit avec une force splendide, tant et si bien que Jeckell, ébranlé en son for intérieur, était secoué de gauche à droite par de grands mouvements de balancier rapides. À un certain point, son flanc cogna douloureusement sur le côté de la niche du chien et il fut forcé de lâcher prise, car le souffle lui manqua. Il se releva et vit le chien campé sur ses quatre pattes, crocs sortis, grognant comme un ours, la fourrure de son cou rougie par la blessure. Jeckell vit que le chien, bien qu’affaibli, conservait encore beaucoup de vigueur. Il savait pertinemment qu’il pourrait avoir le dessus sur le chien à la longue malgré sa force en changeant de tactique et en l’épuisant, mais il vit aussi dans les yeux du chien une lueur qu’il n’aimait pas du tout. C’était une sourde résignation : le brave Rudolph était prêt à combattre jusqu’à la mort pour protéger le bien du maître qu’il aimait.


Jeckell fit donc le calcul qu’il pourrait tuer le chien, mais pas sans être blessé lui-même. La bête était tout simplement trop forte et trop courageuse, il devait bien le reconnaître, ne laissant ni la peur ni la douleur diminuer ses efforts, pour qu’il sorte tout à fait indemne d’une nouvelle joute. Son flanc souffrant le lui rappelait amplement. Il dit alors au chien :


- Je respecte ton cran, toutou de salon. Je devrais te tuer, mais je me sens généreux aujourd’hui. Puisque tu as des qualités que même, hélas, certains coyotes n’ont pas, je te traiterai comme l’un des nôtres et je respecterai les limites de ton territoire, soit le terrain de ton maître.


Le gros chien grogna :


- Si tu ne respectes pas ta parole, je défendrai ma maison jusqu’à mon dernier souffle.


- Sois sans crainte pour tes poulets, grosse peluche.


Sur quoi le coyote, qui cachait sa rage pour donner l’impression de contrôler la situation, s’en alla d’un pas lent. La blessure du chien n’était pas trop sérieuse et guérit sans laisser au chien d’autres conséquences qu’une cicatrice cachée sous sa fourrure grâce aux soins de son bon maître qui appela aussitôt le vétérinaire qui soignait habituellement son bétail. Rudolph reçut même un peu de bonne viande qu’aurait pu manger un homme chaque jour de son rétablissement en récompense de son dévouement.


Renardo réfléchit que si Jeckell gardait sûrement rancune envers Rudolph, ce ne pouvait être lui qu’il cherchait, car il savait très bien où trouver le chien, nul besoin de disperser ses troupes pour le trouver. Et à part Rudolph, aucun animal n’avait jamais tenu tête à Jeckell en ces terres. Il songea qu’après les coyotes et le brave chien, l’animal qui avait le plus de renommée sur le territoire, c’était lui, Renardo, bien malgré sa volonté. Il avait eu vent de ce qu’on disait de lui depuis longtemps. Il n’avait jamais trop aimé cette renommée précisément parce que ce genre de réputation excite la combativité des assaillants en tout genre qui aimeraient bien se faire un nom aux dépens des héros du moment. Habituellement, ce n’était que des chats mal léchés, mais il comprit vite que maintenant, c’était Jeckell et sa troupe qui étaient après lui.


De fait, les coyotes venant de l’ouest avaient sûrement repéré le hangar où Renardo se terrait, car ils avaient commencé à s’en approcher à grands pas. Peut-être l’avaient-ils même déjà flairé, mais il n’en était pas certain. Les coyotes plus au sud s’étaient de leur côté assemblés et s’enlignaient sur la maison que gardait Rudolph. « Ils vont sûrement aller interroger ce brave chien pour savoir où je suis. Le connaissant, il est bien assez têtu pour ne jamais leur dévoiler ma planque.  Il mourrait en vain ; le reste de la meute, s’il ne m’a pas encore repéré, va le faire d’ici une minute. Quant à moi, j’ai confiance en la solidité de mon abri et il m’aurait protégé si les coyotes n’avaient voulu de moi que comme repas. Mais là, c’est un compte à régler et même s’ils ne pourront jamais m’atteindre et me dévorer, ils auront la patience de m’assiéger pour que je reste coincé ici et que je meurs de faim au bout de quelques couchers de soleil.»


Renardo ne savait que faire, et sa première pensée alla à Rudolph. Il respectait beaucoup ce gentil chien, qui ne l’avait jamais embêté de sa vie, et tous deux se saluaient toujours de loin quand Renardo passait près des terres de son maître. Dans tout son territoire, Renardo n’avait jamais rencontré un aussi courageux animal.


Renardo était un chat et n’avait qu’une toute petite idée de ce que comprennent les hommes. Il savait toutefois que tous avaient un même Père dans les Cieux, qui veillait tout particulièrement sur les hommes, mais qui était plein d’amour pour tous et se souciait même de nourrir les chats comme lui. Il avait après tout envoyé son fils unique, Jésus, pour sauver quiconque croirait en lui et invoquerait son nom. Alors il pria ce grand Dieu, comme il avait fait quand il était un petit chat affamé et seul dans le monde avec une patte blessé. Il demanda que Rudolph s’en tire. Et qu’il aimerait bien voir un autre jour lui aussi, même s’il était prêt.


Tout de suite après, il bondit hors du hangar sous l’impulsion d’une idée. Les coyotes de l’ouest l’aperçurent aussitôt et le prirent en chasse, mais en courant avec toute sa vigueur, Renardo parvenait à les garder à distance. Il se dirigeait droit vers la maison du maître de Rudolph. La troupe de coyotes du sud était près de la maison et ils le prirent aussi en chasse. Jeckell la mâchoire était à leur tête, exactement comme l’espérait Renardo. Cependant, tous les coyotes fondaient sur Renardo sans qu’il ne se soit ménagé aucune issue et bientôt ils seraient sur lui.


Un grand hurlement, on aurait dit un ours dans toute sa colère, les arrêta cependant bientôt sur place. Leur saisissement initial passé, tous comprirent que c’était Rudolph en voyant sa haute et large charpente s’approcher. Le chien les avait flairés et ce hurlement était un avertissement limpide : il était prêt au combat et disposé à donner sa vie pour protéger le bien de son maître. Renardo regarda le chien avec reconnaissance, car ce simple hurlement avait été crucial pour lui. Il profita en effet de l’hésitation générale pour s’adresser à Jeckell la Mâchoire :


- Salutations. Je suis le chat que l’on nomme Renardo. Je comprends que vous me cherchiez. Ça tombe bien, moi aussi. Jeckell la Mâchoire, je te défie. J’en veux à ton titre de chef de meute. Abdique, ou combats-moi.


Tous restèrent d’abord saisis de stupeur, puis Jeckell la Mâchoire parti d’un grand rire. Toute la meute fut également prise d’un fou rire à la seule exception du second, Griffe-le-Flanc, dont le regard allait de son chef au chat avec gravité. Jeckell prit la parole.


- Eh bien bravo petit blagueur, tu nous auras bien fait rire. Un chat, chef des coyotes. Voir que ça se pourrait. Allez, les gars. Cernez-le, que je l’attrape et qu’on ait de quoi déjeuner.


Les coyotes commençaient à entourer Renardo, mais Griffe-le-Flanc se campa face à son chef. Ce dernier, estomaqué, eut un hurlement pour que Griffe-le-Flanc se tasse de son chemin. Mais le second prit plutôt la parole :


- Notre loi stipule qu’un chef doit être prêt à accepter tout défi venant de n’importe quel opposant. Ce combat doit absolument se mener un contre un, sans l’aide de personne.


- N’importe quoi, aboya Jeckell, c’est un vulgaire chat!


- Notre loi ne fait malheureusement exception d’aucune espèce, et tu dois t’y conformer. C’est ton rôle de chef. Si tu refuses de te conformer à notre loi, ton titre me revient par défaut, à moi qui suis le second, et c’est moi qui combattrai ce chat.


Tous les coyotes s’étaient tus et considéraient le chef et son second avec stupeur. Jeckell la mâchoire savait que Griffe-le-Flanc n’était pas un adversaire à prendre à la légère et le traitait même avec plus de respect que les autres, car il ne tenait pas du tout à ce que ce dernier le défie. Il regarda son second avec fureur, se promettant de s’occuper de lui plus tard, et voyant que toute la meute attendait qu’il parle à son tour, il fit la réponse qui lui paraissait le plus dans son intérêt :


- Le ridicule de la situation m’a dépassé un moment. Soit, fit-il avec un ton sarcastique qui provoqua l’hilarité de la meute, je combattrai cet imposant adversaire, quelque difficile puisse être le combat.


Jeckell vit, satisfait, que cette réponse lui avait redonné le contrôle de la situation. Il lui suffisait maintenant de tuer ce chat. C’était de toute façon, se disait-il, ce pourquoi il s’était donné tout ce mal.


Tandis que les coyotes réglaient ce litige, Rudolph quant à lui avertissait à voix basse Renardo :


- Renardo, je sais que tu es un chat habile, mais il s’agit d’un féroce coyote. C’est de la folie.


- Je sais bien, brave chien. Je n’avais pas le choix. Nous étions à la veille d’être tués tous les deux par toute la meute. En le défiant, je n’aurai affaire qu’à un seul coyote. J’aurai peut-être une petite chance de m’en sortir.


- Bien pensé, mais hélas un coyote ou quatorze, c’est du pareil au même. Laisse-moi l’affronter, tu n’as aucune chance.


- Non, toi, tu n’as aucune chance. Tu n’es pas assez rapide et tu le sais. Il aura le dessus sur toi à la première attaque comme la dernière fois, mais cette fois-ci, il ne se laissera jamais décourager, maintenant que son titre de chef est en jeu. Peut-être que tu mèneras un beau combat, oui, mais tu seras tué. Moi, je suis bien plus petit que lui et les griffes et les crocs dont j’ai été pourvu ne l’amocheront pas beaucoup, mais si je réussis cent attaques sans qu’il ne m’attrape dans sa gueule, alors je crois bien que je le terrasserai, même avec mes petites griffes, fit Renardo avec un sourire résigné.


- Que le Seigneur t’aide, répondit Rudolph d’une voix grave, résigné lui aussi.


Ensuite, les deux adversaires se firent face. Renardo regarda un instant le coyote, puis s’assit, regarda de côté, se lécha une patte et commença à se frotter l’oreille pour la nettoyer en lâchant, d’un ton nonchalant :


- Alors, tu as trouvé le courage d’affronter le fabuleux tigre qui est devant toi ?


Comme Renardo l’avait espéré, Jeckell, ivre de rage, fondit sur lui avec férocité. Renardo jaugea les mouvements de la bête furieuse et eut un soupir intérieur en voyant à quel point l’animal était fort et rapide. Il n’avait pas maintenu son titre de chef sans raison. Le chat sauta toutefois de côté à la toute dernière minute, et l’une de ses pattes arrière griffa légèrement la joue du coyote. Une goutte de sang tomba sur le sol.


Le silence était opaque avant que l’un des coyotes ne s’exclame :


- Coup de chance, c’est sûr.


- Je ne crois pas, rétorqua Griffe-le-Flanc, les yeux intensément braqués sur Renardo. Sa patte arrière gauche a bougé de manière délibérée. Il a versé le premier sang.


Jeckell la Mâchoire eut un hurlement désarticulé et sauvage en fondant à nouveau sur le chat. Cette fois, au dernier moment, quand la gueule du coyote allait se refermer sur lui, Renardo se plaqua au sol et se faufila si rapidement de côté qu’il put passer entre les deux pattes avant de Jeckell et ressortir entre sa patte avant droite et sa patte arrière droite sans que le coyote ne puisse l’atteindre.


- Regardez la patte avant droite de Jeckell, fit un coyote de rang médian dans la meute, ce chat a trouvé le moyen de le griffer quand il est passé sous lui.


De fait, une griffure de taille modérée zébrait l’intérieur de cette patte. Du sang perlait-là aussi.


- De deux, grogna sourdement Rudolph, qui avait retrouvé un vague espoir.


Jeckell contemplait, enragé, le coyote qui avait fait remarquer aux autres sa nouvelle blessure, car lui aussi avait compris ce qui s’était dit et éprouvait une cuisante humiliation. C’est à ce moment qu’un éclair de douleur lui traversa la joue gauche. Cette fois, c’est Renardo qui avait attaqué, profitant de ce que Jeckell était inattentif. Le chat avait eu le temps de griffer avec toute sa force sur ce coup. La zébrure était composée de quatre longues marques beaucoup plus profondes qu’on aurait pu s’y attendre venant d’un chat. Il s’agissait réellement d’une blessure gênante pour le combat, tous le comprenaient. L’atmosphère avait complètement changé. Il était même maintenant de l’avis de quelques-uns que c’était ce tout petit chat qui avait l’avantage.


- De trois, hurla triomphalement Rudolph, d’une voix qui fit frémir de nombreux coyotes.


Rien n’était pourtant encore gagné. La face de Jeckell fut d’un coup si distordue par la rage que tous furent saisis, à la seule exception de Renardo, de voir un animal dans un tel état. Il était maintenant trop blessé dans son orgueil pour sentir la fatigue et la douleur. C’est maintenant, réfléchit à toute vitesse Renardo, que je vais pouvoir jauger de toute son habileté. Il va m’attaquer en ne ménageant nullement son corps, exactement comme je le voulais. J’ai pris le risque de l’enrager à ce point, quitte à risquer davantage de finir dans sa gueule pour le moment, car plus un animal est féroce plus il combat avec vigueur, mais alors il s’épuisera éventuellement, quand bien même il s’agirait d’un coyote endurant comme lui. Je vais devoir rester sur la défensive, s’il m’attrape dans sa gueule ne serait-ce qu’une fois, ç’en est fait de moi : chaque attaque de sa part est potentiellement mortelle, tandis que chaque attaque de ma part ne fera au mieux que l’affaiblir à la longue.


De fait, le coyote, qui se trouvait à plus de quatre mètres de Renardo, fit un bond tel que les coyotes n’avaient vu qu’une fois dans leur vie: lorsque Griffe-le-flanc avait terrassé le chevreuil. Il est donc fort à ce point, réfléchit Renardo, sans avoir vraiment le temps d’achever la pensée en son esprit. Il ne pouvait fuir par l’arrière. Le coyote avait déjà pris tellement de vitesse qu’il était impossible que le chat puisse s’échapper par là. Renardo était dans une situation extrêmement désavantageuse : même de côté, la fuite était impossible. Dans leurs positions respectives, le coyote avait assez de ressort dans les pattes et de vigueur dans le corps pour virer sec autant à gauche ou à droite tout de suite après son atterrissage et l’attraper immédiatement dans sa gueule. Tous crurent que cette fois, le chat n’avait aucune issue et que Jeckell avait gagné.


Renardo avait toutefois déjà remarqué que lorsque les écureuils grimpent dans les arbres, après un bond en hauteur vers le tronc de l’arbre leur corps a parfois presque l’air de ricocher sur l’arbre pour ensuite prendre la direction opposée et aller vers une branche où se trouvent des noisettes.


Un ricochet, songea Renardo sans avoir le temps de réellement articuler sa pensée, et bien présentement la situation diffère un peu et dans le cas présent l’arbre est un coyote en plein vol plané, mais si de vulgaires écureuils en sont capables... Le chat bondit donc sur le coyote à son tour d’une bien curieuse manière et à la grande surprise de ce dernier, dont les yeux s’exorbitèrent de confusion. Les pattes de Renardo s’enfoncèrent l’espace d’un moment sur le flanc de Jeckell, qui tenta bien de le happer dans sa gueule au passage en tournant la tête, mais Renardo se contorsionna tant et si bien qu’il évita l’attaque, entendant les crocs de Jeckell la Mâchoire claquer avec fracas tout juste derrière lui. Puis, prenant le flanc du coyote comme appui, Renardo fit un nouveau bond vers le sol. Aussitôt ses pattes en contact avec la terre ferme, il fit un troisième bond, cette fois à nouveau vers Jeckell, mais un peu de côté, et étendit au passage une patte pour lui donner un coup de griffe sur le côté arrière droit du flanc.


- On aurait cru une balle rebondissante, murmura Trotteur, coyote parmi les plus agiles de la meute et qui s’était lui-même souvent livré à de périlleuses acrobaties.


- Et de quatre, cria Rudolph d’une voix qui résonna dans tous les champs voisins et fit pâlir de nombreux coyotes sous leur pelage.


Et moi qui ai toujours cru, songea Renardo avec un sourire en coin, que les renards du coin n’auraient fait qu’une bouchée de moi s’ils avaient eu le courage de m’attaquer. Peut-être bien que, finalement, ils savaient quelque chose sur moi que je ne savais pas.


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Quand Rudolph compta quatre-vingt-dix-huit, Jeckell était au sol. Ses blessures n’étaient pas si sérieuses, mais il était trop épuisé et avait trop perdu de sang pour tenir debout. Le combat avait, en tout, duré trois heures. Dans toute la contrée, on n’avait jamais entendu parler d’un affrontement si long. Renardo, quant à lui, était indemne. Après s’être assuré d’un coup d’œil que Jeckell la Mâchoire n’avait pas plus la volonté de tenir debout, il s’adressa à Griffe-le-Flanc :


- Je n’ai que faire de ce titre de chef. Tu es toujours le second. Dis-moi que vous ne reviendrez jamais sur ces terres et que vous ne chasserez que les animaux de la forêt, et je t’abandonne ce titre.


- Notre chef précédent avait du sang de loup. C’était un grand chasseur, qui pouvait nous mener, nous, de simples coyotes, à la chasse à de grands gibiers comme les chevreuils et même les orignaux. Nous l’aidions pendant que lui, plus fort que nous tous, parvenait à amener ces grands animaux au sol. Il avait toutefois pris beaucoup d’âge, ayant déjà vu plus de levers de soleil que la grande majorité des animaux n’en voient avant de s’éteindre. Jeckell n’aurait jamais seulement pu espérer être de taille à l’affronter s’il avait eu encore toute sa force. On disait de lui que même les loups au sang pur et les ours ne voulaient prendre le risque de l’affronter. De fait, au début de son combat contre Jeckell il avait amplement l’avantage, même en tant que vieillard dont la vue avait déjà beaucoup baissée. Mais aucun membre de la meute n’ignorait que le cœur de notre chef était malade. Il céda pratiquement tandis que Jeckell en était à ses derniers retranchements, et alors ce dernier put prendre le dessus, mais de peine et de misère. Imagine à quel point il était fort dans son jeune âge, si Jeckell la Mâchoire ne triompha qu’avec difficulté de lui alors qu’il devait depuis longtemps compter sur mes yeux pour repérer les chevreuils et que son cœur n’amenait parfois plus le sang à ses membres, qui perdaient toute vigueur. Tout ça pour te dire, chat, que je n’ai jamais respecté Jeckell comme chef. Je me repens de ne pas m’être dressé devant lui et de ne pas l’avoir empêché d’accomplir ses mauvais desseins contre le bien des hommes. Je vois avec stupeur aujourd’hui que l’animal qui me rappelle le plus mon ancien chef, c’est toi, un simple chat. Je ne serai jamais à la hauteur de cet ancien chef, je le sais, mais je sais aussi qu’il aurait respecté une alliance avec un animal comme toi. Je la respecterai donc moi aussi et tu ne nous reverras plus après le jour d’aujourd’hui. Peut-être, qui sait, aurons-nous la chance de mettre à terre quelque autre chevreuil, si nous allons plus au nord.


Renardo, satisfait, regarda les coyotes aller dans cette direction. Peu après, Jeckell, humilié, trouva la force de s’en aller et de partir aussi dans les bois en boitant. Il allait devoir à nouveau se débrouiller seul, un chef terrassé ne pouvant plus jamais se joindre à sa meute à nouveau.


- Je ne suis pas inquiet pour lui, grommela Rudolph, il lui reste bien assez de force pour tyranniser les écureuils.


Tous deux rirent un peu, tout en restant songeurs. Ils devinrent véritablement amis à partir de ce jour. Comme le bon maître de Rudolph voyait que son chien s’entendait si bien avec ce chat, il décida de l’adopter et de le nourrir. Les jours de la vie de Renardo furent nombreux et heureux, et depuis cette époque un bruit court dans toute la forêt du Nord qu’il réside chez les fermiers un chat que même les loups et les ours n’osent affronter. Personne ne tenta de démentir la rumeur cette fois-ci.


Be Strong and Courageous - Joshua 1:9

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